Élections au Gabon

LA RENCONTRE ENTRE MAHAMAT IDRISS DÉBY ET FRANÇOIS BOZIZÉ FAIT DU BRUIT EN Centrafrique

Selon la présidence tchadienne, cette rencontre s'inscrit dans le cadre des efforts de préservation et de consolidation de la paix au Tchad et en Centrafrique, conjointement déployés par les autorités tchadiennes et centrafricaines. Cependant, cette initiative n'a pas été.accueillie unanimement. Sur les réseaux sociaux, l'ancien Premier ministre centrafricain, Firmin Ngrébada, a vivement critiqué cette rencontre, soulignant que "la paix commence par la vérité, la justice et le respect des institutions de la République centrafricaine". À l'inverse, Adrien Poussou, ancien ministre centrafricain de la Communication et de la Réconciliation nationale et analyste politique, a tempéré les critiques en affirmant que Bozizé et Mahamat Déby "ont des rapports de père à fils", selon DW. Toujours selon l’ancien Premier Ministre Firmin Ngrébada L’argument diplomatique de la « consolidation de la paix » est classique. Mais peut-on parler sincèrement de paix lorsqu’on donne la parole à un homme qui a semé la guerre

• En décembre 2020, François Bozizé était à la tête de la CPC (Coalition des Patriotes pour le Changement), un mouvement armé qui a tenté de marcher sur Bangui, plongeant le pays dans une spirale de violence. • Sa stratégie a visé à renverser des institutions démocratiquement établies, au prix de nombreuses vies humaines, de déplacements massifs et de la destruction d’infrastructures.  Depuis sa fuite, il s’est maintenu hors du territoire national pour échapper à la justice, tout en poursuivant des démarches de lobbying régional, notamment au Tchad, au Soudan et ailleurs.  Accepter de le rencontrer, c’est accorder une forme de reconnaissance politique à un homme qui ne reconnaît pas la légitimité de la République centrafricaine actuelle.

le risque d'une instrumentalisation du Tchad Il ne faut pas être naïf : Bozizé n’est pas un homme en quête de paix, mais un stratège politique expérimenté, qui sait activer les réseaux régionaux pour tenter de reprendre pied dans l’arène centrafricaine. Cette rencontre pourrait être interprétée comme : • Une tentative de réhabilitation personnelle par les canaux diplomatiques ; • Une démarche visant à obtenir du soutien logistique ou politique discret ; • Une stratégie pour se repositionner comme acteur incontournable de l’avenir centrafricain, malgré son rejet populaire et son passé de putschiste. Si le Tchad souhaite jouer un rôle d’État médiateur dans la sous-région, il ne doit pas s’aligner avec des forces rétrogrades qui cherchent à affaiblir les institutions voisines. La réaction du Chef de l’Etat Faustin Archange TOUADERA s’est fait également entendre. Pour le Chef de l’Etat Centrafricain, il estime que cette démarche du Tchad était normale, conformément à la récente décision des chefs d'État et de gouvernement de la Communauté Économique des États de l'Afrique Centrale (CEEAC). « Il y a eu un consensus pour que la Guinée-Bissau puisse accueillir le président Bozizé, qui résidait au Tchad. Parce qu'il était proche de la frontière et ses activités ne permettaient pas l'avènement de la paix en RCA. Je trouve que c'est normal qu'en allant en Guinée-Bissau, le président Mahamat Idriss Déby Itno reçoive le président Bozizé à sa demande, puisqu'il y réside. Et je vous assure que le président Mahamat Idriss Déby Itno a eu la courtoisie, à la fin de l'entretien, de m'appeler et m'a informé de ce qui s'est passé" a en substance déclaré le président centrafricain. Tout compte fait, cette rencontre a fait vraiment du bruit dans la capitale banguissoise. Mais nos autorités doivent rester vigilantes.

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Source : Christian Claude DOBA